• 3- Modalités pratiques de mise en oeuvre de la PMEV

    3.1 – ORGANISATION DE LA CLASSE


    3.1.1 – L'année


    Concrètement, l'année est divisée en " mini-périodes " dont la durée varie avec l'âge des élèves : 1 semaine en CP, 3 semaines en fin de cycle 3. Durant cette période, l'élève a un certain nombre de fiches à effectuer.

    3.1.2 – La journée


    La journée est elle-même divisée en deux temps

    3.1.2.1 – Le temps de travail individuel (T.I)

    C'est le travail sur des fiches choisies par l'élève dans le lot qui lui est imposé pour la période. La durée de ce temps de travail individuel varie en fonction de l'âge des élèves.

    3.1.2.2 – Le bilan

    Les élèves viennent présenter leur travail, c'est-à-dire les fiches qu'ils ont effectuées, à l'ensemble de la classe. Les " experts " fournissent ainsi aux " novices " des indices, des informations qui vont leur permettre d'effectuer les tâches qui leur étaient inaccessibles au début de la période. Pour les " experts ", c'est un travail de reformulation et d'explicitation, dont il n'est pas inutile de souligner l'intérêt. L'enseignant n'a que peu d'intervention de nature pédagogique. Il effectue un rigoureux travail de pointage des fiches effectuées par chaque élève pour mesurer la progression de la classe. Une même fiche peut être présentée plusieurs fois pendant la période. Il est important que le bilan permette de répondre à des questions qu'un élève se pose au sujet d'une fiche qu'il a vue mais n'a pas su faire.

    3.1.2.3. – Les leçons

    Elles ne disparaissent évidemment pas mais elles changent de fonction. Elles ont lieu surtout quand le besoin d'une mise au point ou d'une synthèse se fait sentir pour tout ou partie de la classe.

    Pourquoi cette organisation ? Les élèves rapides vont effectuer les fiches plus vite que les élèves qui connaissent des difficultés. Le découpage en mini-périodes évite que les élèves rapides prennent tellement d'avance que les autres ne se représentent plus la fiche dont il est question, et il leur permet, au contraire, de recevoir chaque jour de nouvelles informations sur le travail en cours, d'affiner ainsi leur analyse pour atteindre à leur tour leur but.

    La mise en place de la PMEV ne va pas évidemment de soi, mais les classes fonctionnant sur ce modèle en France et à l'étranger se sont construites à peu près seules sur la base d'informations échangées par Internet.

    Le fait que les résultats en matière de comportements des enfants soient visibles dès les premiers jours facilite la mise en place et encourage les maîtres. Tous témoignent de la disparition de l'obligation habituelle de faire de la discipline, et de l'engagement réel des élèves dans leurs apprentissages. Les résultats en terme d'amélioration des apprentissages sont rapidement significatifs, perceptibles dès la première semaine. Ils sont rapides et fiables et font souvent déclarer aux maîtres qu'ils ont redécouvert leur métier.

    L'apprentissage vicariant

    Pour qu'il y ait apprentissage vicariant, il faut :

    1°) - que soient en présence, face à un apprentissage donné, les enfants qui ont déjà maîtrisé cet apprentissage et des enfants qui, le découvrant, vont avoir besoin éventuellement de prendre quelques repères. Il faut donc des enfants qui aient pris une certaine avance, mais contrôlée, sur d'autres.

    2°) - que les savoir-faire de ces élèves avancés soient rendus visibles, lisibles, interrogeables pour permettre aux élèves lents de prendre des repères.

    3°) - que soit donc prévues, dans l'horaire scolaire, des séquences réservées à ces prises de repères, qui fonctionneront par nécessité avec beaucoup de souplesse, mais resteront néanmoins strictement placée sous le contrôle du maître.

    L'apprentissage de l'auto-évaluation et de la gestion de ses propres apprentissages : Le recours à l'apprentissage vicariant permet l'apprentissage de l'auto-évaluation et celui de la gestion de ses propres apprentissages :
    c'est en prenant des repères sur des camarades plus avancés que l'élève se fait peu à peu une idée plus précise des tâches à accomplir et qu'il parvient à mener à bien ce qui lui était inaccessible au départ.
    ce faisant, l'élève s'entraîne chaque jour à analyser et à évaluer chacune des tâches qui lui sont proposées. Cet apprentissage de l'auto-évaluation est capital : il est à la fois une conséquence de cette organisation pédagogique et un moyen d'améliorer les capacités d'apprentissage.
    l'enfant en tire une règle de fonctionnement et de gestion de ses apprentissages :
    1°) - en se consacrant d'abord aux tâches qu'il juge à sa portée et
    2°) - en recueillant les indices qui vont lui permettre de se mettre à la hauteur des tâches qui ne lui sont pas initialement accessibles.

    L'exploitation de l'hétérogénéité La classe fonctionnant en PMEV est donc fondée sur une certaine hétérogénéité, mais une hétérogénéité mesurée, orientée, provoquée en quelque sorte et qui, pour devenir et rester fonctionnelle, restera limitée et contrôlée.

    Prises d'indices et réinvestissement individuel Le fonctionnement en PMEV fait donc alterner des séances collectives de prises d'indices avec des périodes de réinvestissement individuel.

    Accorder à chacun le temps dont il a besoin pour apprendre

    Ce fonctionnement permet de gagner du temps. Tout en accordant à chacun le temps dont il a besoin pour apprendre, il réussit, en favorisant les prises d'indices, à ce que le temps soit effectivement investi par l'élève dans sa tâche d'apprentissage.

    Ce gain de temps et cette efficacité renforcée chez tous les élèves ont un impact sur l'anxiété du maître, ce qui change l'ambiance de la classe. Il permet en outre de redonner toute leur place aux disciplines dites secondaires.

    Intérêt pour les enfants en retard scolaire et pour ceux qui ont un profil atypique L'intérêt de cette méthode est indéniable pour tous les enfants, et particulièrement pour ceux qui se trouvent en difficulté parce qu'un enseignement frontal homogène ne leur convient pas. On trouve dans cette catégorie les enfants en retard scolaire mais aussi tous ceux qui ont un profil atypique.

    Conformité aux exigences de l'Administration (I.O de 1989) On pourrait dire que le plus grand avantage de cette méthode est qu'elle satisfait pleinement aux exigences de l'Administration pour ce qui concerne l'évolution pédagogique rendue nécessaire pour une mise en place effective d'un enseignement par cycles.

    Mais elle en a d'autres, non moins négligeables :
    Il est possible de la mettre immédiatement en place dans n'importe quelle classe quelle que soit son hétérogénéité, et son incidence sur les taux de redoublement semble confirmée, ce qui est dans la logique de la politique des cycles.
    Elle est immédiatement applicable par n'importe quel enseignant, même débutant, les plus chevronnés trouvant pour leur part à réinvestir leur expérience dans les meilleures conditions.
    Elle change radicalement le rapport de l'élève au savoir et cela, pourrait-on affirmer, presque instantanément.
    Elle change radicalement les rapports de l'enseignant à ses élèves et semble même avoir une incidence sur l'absentéisme des maîtres.

    Il me semble donc que, si elle se met en place dans l'enseignement primaire, cette méthode permettra de résoudre le problème actuellement devenu insoluble de l'hétérogénéité croissante des classes.

    Il n'est évidemment pas question, malgré ce bilan globalement positif, de parler de "méthode miracle", et je voudrais vous en convaincre par deux remarques :
    1.La PMEV, que nous désignons ainsi par simple besoin de dénomination ou de clarté, n'est rien d'autre qu'une application assez banale des directives de la réforme des cycles, et l'on est en droit de penser que les concepteurs de celle-ci avaient réfléchi et mûri leur texte.
    2.L'apprentissage vicariant, pour avoir un petit air de nouveauté, est en réalité une vieille histoire, inséparable sans doute de la montée de l'intelligence dans l'humanité. Il a ses lettres de noblesse, dans le compagnonnage par exemple, et son adaptation réfléchie aux besoins spécifiques des apprentissages scolaires ne pouvait qu'être avantageuse.

    3.2 – EXEMPLES DE MISE EN ŒUVRE


    Réflexion sur les supports de présentation du travail individuel, publiée par Anne-Olga JULIEN dans le Bulletin de la PMEV N°5 (septembre 2001). Après concertation, grâce à la liste PMEV sur Internet, voici une réflexion sur les supports de présentation du TI.

    Voici plusieurs façons de proposer les exercices de mathématiques et de français, ainsi que la critique de ces expériences.

    Présentation par fiches Avantages Très peu de photocopies (chaque exercice est photocopié entre 3 et 5 fois) Échanges entre pairs lors du choix de l'exercice. Inconvénients Lors du bilan, les élèves n'ont pas l'exercice sous les yeux. Va-et-vient pas toujours "motivés" par la sélection d'une fiche. Les fiches sont remises sans être rangées. Les fiches sont égarées. Les réponses sont écrites sur les fiches. Si elles sont imprimées sur du papier 80g, elles deviennent rapidement chiffonnées.

    Réflexions "remédiations" Projeter l'exercice au tableau. Faire des agrandissements au format A3. Écrire rapidement l'item au tableau. Imprimer les fiches sur des bristols de couleur. (Le rangement sera plus rapide, une couleur par matière. Le bristol est solide mais cher.) Inscription éventuelle de son prénom derrière la fiche de façon à diminuer l'envie d'y écrire les réponses. Montrer aux enfants les fiches qui seront à faire dans l'année scolaire en précisant que l'ordre sera défini par leurs problèmes à résoudre.

    Pour le cycle 2 : Fiches au format A5 plus facile à manipuler et à ranger. Les fiches sont protégées dans des pochettes plastiques A5 achetées aux éditions Odilon (75,00 Feuilles 250.) Scanner tous les exercices de la période, chacun sur une fiche, avec le numéro de la page et la lettre de l'exercice. Les enfants doivent retrouver le même dans leur fichier avant de le faire.

    Utiliser les manuels Pour éviter un temps de préparation long dû à la nécessité de scanner pratiquement tous les exercices, prévoir :
    d'utiliser des manuels en indiquant sur le plan de travail, le numéro de l'exercice et la page. Avantages pour le maître : Aucune photocopie à faire Temps de préparation très court (uniquement du travail de repérage) Avantages pour les élèves Disponibilité de tous les exercices à chaque instant Possibilité de suivre le bilan avec l'exercice sous les yeux. Un manuel peut donner pour certains enfants un cadre régulier de travail et donc les rassurer

    Inconvénients pour le maître Gestion des manuels (qui a quel manuel ?)

    Inconvénients pour l'élève Il n'y plus le plaisir de se lever et de se déplacer pour aller chercher son travail. Fin des petits rassemblements/discussions autour du coin fiches. Ce n'est pas très motivant d'avoir un gros livre à "faire". On perd l'attrait de la nouveauté et le regain d'intérêt qui en découle quand on change de série de fiches.

    Solutions possibles Disposer plusieurs manuels de plusieurs éditeurs en fond de classe, les exercices à faire étant tirés de ces différents ouvrages. On voit ainsi la progression sur du "long terme"

    Une solution intermédiaire : manuel et fiches Les exercices inscrits au plan de travail se trouvent dans le manuel. Mais leur référence est inscrite sur des fiches à aller chercher.

    Avantages Lors du bilan, tous les enfants ont le travail en question sous les yeux Les discussions restent possibles au coin fiches (qui existe donc) Présence sur la page du manuel de la leçon correspondant à l'exercice Le manuel est à tout moment à la disposition de chacun, tous peuvent consulter le même travail au même moment (bilan), il est la référence commune.

    Inconvénients Les élèves emmènent le livre à la maison et font expliquer les exercices à leurs parents Avoir le même manuel pour chaque élève

    Présentation sous forme de cahier Présentation par petit cahier de tous les exercices de la période. (Imprimez les exercices au format paysage et on plie en deux les feuilles, on les coupe sur le pli et on les agrafe.)

    Avantages Beaucoup moins de déplacements dans la classe. Les élèves ont tous les exercices à disposition et les découvrent plus rapidement. Lors du bilan, on a l'exercice sous les yeux, on se sent plus concerné par les explications des pairs.

    Inconvénients Beaucoup de photocopies Les élèves emmènent le cahier à la maison et font expliquer les exercices à leurs parents. Les élèves ont plus de mal à accepter de recopier les exercices, ils ont tendance à écrire les réponses directement sur la photocopie.

    Réflexions -remédiations" Pas de solution pour diminuer le nombre de photocopies mais si on a une imprimante à aiguilles on peut tenter les stencils. Relever les petits cahiers après le bilan pour ne pas qu'ils les emmènent à la maison Valider uniquement les exercices recopiés.



    par Jacques Bert, 2005

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